Les évolutions technologiques actuelles, qui se manifestent, notamment, dans les domaines de la robotique et de l’intelligence artificielle, de l’internet des objets, du traitement des données de masse, de l’impression 3 D, nourrissent les craintes autour d’un « futur sans emploi ». La Wallonie n’échappe pas à ce climat d’inquiétude. L’analyse historique indique néanmoins que les progrès technologiques successifs, notamment ceux liés à l’automatisation de la production, se sont accompagnés, jusqu’à présent, d’une croissance de l’emploi, même si celui-ci a vu, dans le même temps, son contenu et sa structure évoluer en profondeur. De nos jours, les changements technologiques posent question : s’inscrivent-ils dans cette même tendance historique ou, de par leur nature, leur profondeur et leur vitesse, peuvent-ils avoir un effet différent sur l’emploi ? Le présent rapport a tenté d’apporter des éléments de réponses valables pour la Wallonie. Ces éléments ont été produits dans une logique interdisciplinaire qui s’est déployée en quatre axes de travail : • l’examen critique de la littérature sur la thématique de la digitalisation et des sujets connexes ; • le traitement statistique des bases de données administratives à notre disposition ; • l’estimation quantitative des impacts de la digitalisation sur l’emploi wallon, et • la récolte et l’examen des avis de plus d’une trentaine d’acteurs et d’experts pertinents et concernés par ce processus. Ce faisant, notre objectif a été d’appréhender la problématique dans sa globalité, condition sine qua non pour alimenter le débat et contribuer de manière pertinente à l’élaboration des politiques publiques. De fait, une analyse partielle risque de fausser les conclusions. Outre l’examen des processus de destructions d’emplois induits par les transformations technologiques, il est nécessaire de considérer également les créations d’emplois. Celles-ci s’avèrent beaucoup plus malaisées à identifier et à quantifier. De même, à une perspective purement quantitative, il est indispensable d’ajouter une lecture qualitative des changements, notamment en ce qui concerne le contenu des emplois et du travail. Du développement de ces quatre axes de travail complémentaires, plusieurs faits saillants ont pu être identifiés, faisant échos aux recherches menées par ailleurs, notamment en France (COE, 2017). Tout d’abord, de l’examen de la littérature, il ressort que l’emploi a connu, au cours de l’histoire industrielle, de profondes mutations, tant quantitatives (en termes de volume) que qualitatives (en termes de contenu et de structure), notamment sous la poussée des (r)évolutions technologiques et des changements de l’organisation du travail qui y sont associés. De manière globale, la relation entre l’évolution du volume de l’emploi, d’une part, et l’adoption de nouvelles technologies, d’autre part, s’avère positive. Néanmoins, la nature et la profondeur des progrès technologiques actuels, associées au ralentissement récent de la productivité, amène à questionner ce caractère positif et à s’interroger sur les modalités d’adaptation du système socio-économique face à ces progrès. Pour répondre à cette question il convient d’intégrer dans la réflexion la temporalité de ceux-ci et le phasage des conséquences de leur adoption. De fait, ces progrès ne se traduisent pas uniquement par la substitution du capital humain par la machine et la destruction d’emplois. RAPPORT DE RECHERCHE DE L’IWEPS | MARS 2017 | 79 D’une part, les « innovations de procédé » induisent certes des gains de productivité, et permettent donc d’assurer un même volume de production avec des effectifs réduits. Néanmoins, elles peuvent influencer positivement le développement de l’activité par des gains de parts de marché. D’autre part, dans le sillage des « innovations de procédé », des « innovations de produit » peuvent émerger, avec des conséquences potentiellement favorables pour l’emploi. En outre, l’implémentation et le recours aux nouvelles technologies requièrent de nouveaux types d’emplois et induisent le développement de nouveaux marchés afférents à ces technologies. Ces deux mécanismes de compensation ont un impact positif sur l’emploi. Du point de vue politique, il est, par conséquent, primordial de faire en sorte que ces mécanismes de compensation se déroulent au mieux et le plus rapidement possible, afin de réduire la durée de la transition. L’inaction ou le repli ne sont pas des choix envisageables. Le système économique régional doit intégrer les progrès technologiques, sous peine, dans l’économie mondialisée qui est maintenant la nôtre, de décrochage. Pour assurer au mieux cette intégration, l’identification des tensions et des enjeux, pour être menée à bien, nécessite une analyse fine des dynamiques opérantes. De fait, selon les secteurs d’activité, la situation et les futurs possibles ne sont pas identiques. Ils varient également suivant les options disponibles pour les différents opérateurs économiques, qu’ils soient privés ou publics. Cette finesse d’analyse est notamment à poursuivre dans l’examen des mécanismes de substitution in situ, c’est-à-dire au sein même des entreprises. De fait, les études empiriques, notamment celles examinées en France par le Conseil d’orientation pour l’emploi, démontrent que lors de la substitution d’une activité humaine par une machine, celle-ci assume la prise en charge d’une ou plusieurs tâches, c’est-à-dire des différentes manières d’effectuer une activité de travail en mobilisant certaines compétences dans un contexte de production précis. La substitution porte rarement sur un « métier » dans sa totalité. Selon ces études, tous les travailleurs exerçant le même « métier » n’accomplissent pas les mêmes tâches et, de plus, le contenu en tâches d’un même métier peut se recomposer, notamment sous l’influence du progrès technologique. La mise en place des meilleures conditions pour le déroulement des mécanismes de compensation requiert, dès lors, l’examen des situations de travail particulières au sein même de l’entreprise, quasiment au niveau de chaque poste de travail, condition nécessaire pour en comprendre la complexité de leurs composantes. Néanmoins, il est possible de dégager, à la lumière des travaux rencontrés dans la littérature, une tendance générale. Les avancées technologiques continueraient à favoriser plutôt l’emploi qualifié et très qualifié. Les emplois menacés seraient des métiers requérant peu ou pas de qualification et peu chargés en compétences. Par conséquent, le scénario d’une extinction d’emplois massive n’est pas le plus plausible. Toutefois, les mutations actuelles vont induire une profonde recomposition des emplois existants. De nombreux métiers seront amenés à évoluer dans leur contenu, et ce y compris dans des secteurs qui, jusqu’à l’heure d’aujourd’hui, paraissaient peu concernés. En matière d’emploi, il convient aussi de souligner que la digitalisation pourrait, à terme, conduire à des processus de relocalisation, qui impacteraient positivement l’emploi local. C’est un scénario qui mériterait de plus amples investigations, notamment au niveau des divers secteurs d’activité. La complexité des mécanismes à l’œuvre et le degré d’incertitude associé à ceux-ci plaident pour l’amélioration et le raffinement du diagnostic. C’est sur la base de celui-ci que les autorités pourront concevoir et implémenter des politiques publiques et des cadres normatifs adéquats et capables de soutenir l’innovation dans notre région tout en maintenant les conditions du bien-être pour chacun de ses habitants. Sur le plan empirique, nos travaux ont mis en exergue plusieurs faits importants. RAPPORT DE RECHERCHE DE L’IWEPS | MARS 2017 | 80 En ce qui concerne la situation du secteur du numérique de la région et son évolution récente, nos analyses indiquent, pour la Wallonie, une sous-spécialisation dans le secteur du numérique au niveau du nombre d’entreprises : le poids que pèse notre région dans le secteur du numérique belge est inférieur au poids qu’elle pèse dans l’ensemble de l’économie belge. De plus, la part de l’emploi national du secteur du numérique attribué à la Wallonie est très faible, comparativement aux deux autres régions. Le secteur du numérique wallon se caractérise néanmoins par un certain dynamisme au regard du poids des plus jeunes entreprises, mais les entreprises davantage naissantes sont, par contre, sous- représentées. Cette situation peut s’interpréter comme étant l’indicateur d’un faible niveau de renouvellement des entreprises du secteur dans notre région En termes de taille d’entreprise, mesurée sur la base du volume d’emplois, il faut souligner que le numérique wallon se caractérise par l’importance des petites structures. Les entreprises de plus grande taille ne sont pas suffisamment nombreuses pour améliorer le positionnement de la région dans ce créneau de l’économie. Dès lors, la part de l’emploi belge du numérique « localisé » en Wallonie est très faible, comparativement aux deux autres régions, même si elle tend à augmenter ces dernières années. Pour ce qui est de l’impact potentiel de la digitalisation sur l’emploi régional, notre exercice d’estimation quantitative, basé une méthodologie appliquée par ailleurs mais présentant ses limites, indique que près de 50% de l’emploi wallon d’aujourd’hui serait menacé par la substitution à un horizon de 10 à 20 ans. Certains métiers sont particulièrement exposés à cette menace : les employés de type administratif et le personnel des services directs aux particuliers, ainsi que les commerçants et les vendeurs. Ils représentent près de quatre emplois menacés sur dix mais, surtout, concernent une majorité de femmes. Les métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat, et les professions élémentaires, sont également vulnérables. Le suivi des transformations à venir dans le contenu de ces métiers constitue, par conséquent, un enjeu majeur pour pallier les nombreuses pertes d’emplois annoncées. La formation jouera, à ce niveau, un rôle essentiel. Sur le plan sectoriel, nos résultats indiquent que trois secteurs de l’économie wallonne risquent d’être particulièrement affectés par la digitalisation au regard de leur composition plus riche en métiers vulnérables. Il s’agit du commerce et de la réparation d’automobiles et de motocycles, de l’industrie manufacturière et de l’administration publique. Le secteur de la santé humaine et de l’action sociale n’est pas à l’abri de la menace de substitution au vu de son poids important dans l’économie régionale. Il regroupe toutefois un volume non négligeable d’emplois correspondant à des métiers bien moins exposés à une automatisation des tâches, comme les professions intellectuelles et scientifiques. Ces résultats sont complétés par les informations fournies par les entretiens menés auprès d’acteurs- ressources issus de l’administration et des secteurs économiques. Il ressort de ces informations qu’un fort contraste peut être identifié entre les grandes entreprises et les PME. Les premières se positionnent sur des marchés très ouverts, fortement internationalisés, où les contraintes de compétitivité sont très fortes et où, par conséquent, les gains de productivité issus des technologies digitales font l’objet d’investissements importants. Ces entreprises profitent de leur taille et de leur accès aux données produites dans le cadre de leurs activités pour développer les données de leur chaîne de production et de leurs clients en vue d’améliorer leur position. Les PME sont, par contre, confrontées, d’une part, à des réalités très différentes, également tributaires des qualités intrinsèques à leur marché et, d’autre part, à leur capacité d’investissement dans la transition digitale. Cette capacité suppose la disponibilité de ressources pour pouvoir évaluer leur situation et une capacité à investir dans leur transformation digitale, voire la refonte de leur business model. Les entretiens menés auprès des acteurs-ressources ont également permis de mettre en lumière les dynamiques spécifiques décelables au niveau des secteurs où l’emploi est potentiellement le plus affecté par la digitalisation. Pour chacun, les tensions et les enjeux ont été identifiés. De même des pistes d’action ont été balisées pour faire face à ceux-ci. Ces différents apports plaident, sur le plan de l’emploi, pour des RAPPORT DE RECHERCHE DE L’IWEPS | MARS 2017 | 81 politiques adaptées aux particularités des diverses sphères d’activité. Même si les impacts de la digitalisation y seront, quantitativement et qualitativement parlant, hétérogènes, il n’en demeure pas moins que les effets de ce processus constitueront une réalité pour toutes les composantes de l’économie wallonne.

Current technological developments, which are manifested in particular in the fields of robotics and artificial intelligence, the Internet of Things, mass data processing, 3 D printing, are fueling fears around 'a “future without employment”. Wallonia is no exception to this climate of concern. Historical analysis nevertheless indicates that successive technological advances, in particular those linked to the automation of production, have so far been accompanied by employment growth, even if the latter has seen at the same time, its content and structure evolve in depth. Today's technological changes beg the question: are they part of this same historical trend or, by their nature, depth and speed, may they have a different effect on employment? This report has attempted to provide answers that are valid for Wallonia.These elements were produced in an interdisciplinary logic that was deployed in four areas of work: • critical review of the literature on the theme of digitization and related topics; • statistical processing of the administrative databases at our disposal; • the quantitative estimate of the impacts of digitization on Walloon employment, and • the collection and examination of opinions from over thirty stakeholders and relevant experts and affected by this process. In doing so, our objective has been to understand the problem as a whole, a sine qua non condition for fueling the debate and making a relevant contribution to the development of public policies. In fact, a partial analysis risks skewing the conclusions. In addition to examining the job destruction processes induced by technological transformations, it is also necessary to consider job creation. These are much more difficult to identify and quantify.Likewise, to a purely quantitative perspective, it is essential to add a qualitative reading of the changes, particularly with regard to the content of jobs and work. From the development of these four complementary areas of work, several salient facts have been identified, echoing research carried out elsewhere, particularly in France (COE, 2017). First of all, from an examination of the literature, it emerges that employment has undergone, during industrial history, profound changes, both quantitative (in terms of volume) and qualitative (in terms of content and structure), particularly under the pressure of technological (r) evolutions and associated changes in the organization of work. Overall, the relationship between changes in the volume of employment, on the one hand, and the adoption of new technologies, on the other hand, is positive. Nevertheless, the nature and depth of current technological progress, associated with the recent slowdown in productivity, leads to question this positive character and to wonder about the modalities of adaptation of the socio-economic system in the face of this progress.To answer this question, it is necessary to integrate into the reflection the temporality of these and the phasing of the consequences of their adoption. In fact, these advances do not only result in the substitution of human capital by machines and the destruction of jobs. IWEPS RESEARCH REPORT | MARCH 2017 | 79 On the one hand, "process innovations" certainly induce productivity gains, and therefore make it possible to ensure the same volume of production with reduced staff. However, they can positively influence the development of the activity by gaining market share. On the other hand, in the wake of "process innovations", "product innovations" can emerge, with potentially favorable consequences for employment. In addition, the implementation and use of new technologies require new types of jobs and induce the development of new markets related to these technologies. These two compensation mechanisms have a positive impact on employment.From a political point of view, it is therefore essential to ensure that these compensation mechanisms operate as well and as quickly as possible, in order to reduce the duration of the transition. Inaction or withdrawal are not options. The regional economic system must integrate technological progress, otherwise, in the globalized economy which is now ours, of stall. To best ensure this integration, the identification of tensions and issues, to be carried out successfully, requires a detailed analysis of the operating dynamics. In fact, depending on the business sector, the situation and possible futures are not identical. They also vary according to the options available to the different economic operators, whether private or public. This finesse of analysis should be pursued in particular in the examination of substitution mechanisms in situ, that is to say within companies themselves.In fact, empirical studies, in particular those examined in France by the Orientation Council for Employment, show that when a human activity is replaced by a machine, the latter assumes the responsibility of one or more several tasks, that is to say different ways of carrying out a work activity by mobilizing certain skills in a specific production context. Substitution rarely relates to an entire “trade”. According to these studies, all workers in the same "trade" do not perform the same tasks and, moreover, the task content of the same trade can be recomposed, especially under the influence of technological progress. The establishment of the best conditions for the operation of the compensation mechanisms therefore requires an examination of the specific work situations within the company itself, almost at the level of each workstation, a necessary condition for understanding the complexity of their components. Nevertheless, it is possible to identify a general trend in the light of the work encountered in the literature.Technological advances would continue to favor skilled and highly skilled employment instead. The jobs threatened would be occupations requiring little or no qualification and low in skills. Therefore, the scenario of a mass job extinction is not the most plausible. However, the current changes will induce a profound restructuring of existing jobs. Many professions will have to change in their content, including in sectors which, until now, seemed little affected. In terms of employment, it should also be noted that digitization could, in the long term, lead to relocation processes, which would have a positive impact on local employment. This is a scenario that deserves further investigation, particularly in the various sectors of activity. The complexity of the mechanisms at work and the degree of uncertainty associated with them call for improvement and refinement of the diagnosis.It is on the basis of this that the authorities will be able to design and implement adequate public policies and normative frameworks capable of supporting innovation in our region while maintaining the conditions of well-being for each of its inhabitants. Empirically, our work has highlighted several important facts. IWEPS RESEARCH REPORT | MARCH 2017 | 80 Regarding the situation of the digital sector in the region and its recent development, our analyzes indicate, for Wallonia, a sub-specialization in the digital sector in terms of the number of companies: the weight that our region weighs in the Belgian digital sector is less than the weight it weighs in the Belgian economy as a whole. In addition, the share of national employment in the digital sector attributed to Wallonia is very low, compared to the two other regions. The Walloon digital sector is nonetheless characterized by a certain dynamism in view of the weight of the youngest companies, but more nascent companies are, on the other hand, under-represented.This situation can be interpreted as being an indicator of a low level of renewal of companies in the sector in our region. In terms of company size, measured on the basis of the volume of jobs, it should be noted that Walloon digital technology is characterized by the importance of small structures. There are not enough larger companies to improve the region's positioning in this niche of the economy. Consequently, the share of Belgian digital employment "localized" in Wallonia is very low, compared to the other two regions, even if it has tended to increase in recent years. Regarding the potential impact of digitization on regional employment, our quantitative estimation exercise, based on a methodology applied elsewhere but presenting its limits, indicates that nearly 50% of Walloon employment today hui would be threatened by substitution over a 10 to 20 year horizon. Certain professions are particularly exposed to this threat: administrative employees and personnel in direct services to individuals, as well as traders and salespeople.They represent nearly four jobs in ten threatened but, above all, concern a majority of women. Skilled trades in industry and crafts, and elementary occupations, are also vulnerable. Monitoring future transformations in the content of these professions is therefore a major challenge to compensate for the many job losses announced. Training will play an essential role at this level. In terms of sectors, our results indicate that three sectors of the Walloon economy are likely to be particularly affected by digitization given their richer composition in vulnerable professions. These are the trade and repair of automobiles and motorcycles, manufacturing industry and public administration. The human health and social action sector is not immune to the threat of substitution given its significant weight in the regional economy. However, it brings together a not insignificant volume of jobs corresponding to trades much less exposed to the automation of tasks, such as intellectual and scientific professions.These results are supplemented by the information provided by interviews conducted with resource players from the administration and economic sectors. From this information, it appears that a strong contrast can be identified between large companies and SMEs. The former are positioned in very open, highly internationalized markets, where the constraints of competitiveness are very strong and where, as a result, the productivity gains resulting from digital technologies are the subject of significant investments. These companies take advantage of their size and their access to data produced in the course of their activities to develop data from their production line and their customers in order to improve their position. SMEs, on the other hand, are faced, on the one hand, with very different realities, also dependent on the qualities intrinsic to their market and, on the other hand, on their capacity to invest in the digital transition.This capacity assumes the availability of resources to be able to assess their situation and an ability to invest in their digital transformation, or even the overhaul of their business model. Interviews with resource players also shed light on the specific dynamics that can be detected in the sectors where employment is potentially the most affected by digitization. For each one, the tensions and the issues have been identified. Likewise, courses of action have been marked out to deal with them. These different contributions plead, in terms of employment, for IWEPS RESEARCH REPORT | MARCH 2017 | 81 policies adapted to the particularities of the various spheres of activity. Even if the impacts of digitization will be, quantitatively and qualitatively speaking, heterogeneous, the fact remains that the effects of this process will be a reality for all components of the Walloon economy.